"La Voie Royale", comme le bouquin de Clara Morgane ?
15 septembre 2011 à 17:14
Alors, après Malraux et Lotti, on continue sur la Voie Royale de Clara Morgane avec encore un autre écrivain français qui nous cause d'Angkor mais en plus moderne cette fois ci :
Patrick Deville, Kampuchea.
Un écrivain voulant rendre compte du procès de Douch, un responsable khmer rouge (celui qui a tenu le fameux S-21), délie les fils historiques qui unient la France et le Cambodge et dérive le long du Mekong.
C'est à la fois :
- un road movie (à pied et en bateau principalement). Il se fait quand même la Thailande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam.
- une biographie alcoolisée (il picole beaucoup dans les bars)
- un carnet historique : on y croise bien sur les figures historiques comme Mouhot - l'amateur de papillons qui découvrit par hasard les ruines d'Angkor - , évidemment Lotti, mais aussi Auguste Pavi - le maintenant inconnu qui a littéralement créé le Laos moderne et cartographié une bonne partie de la région - et puis aussi des aventuriers idiots, cupides, massacreurs et pilleurs, bref tout ce qui a fait la glorieuse aventure coloniale française.
- et littéraire (les ombres de Malraux, Graham Greene et de Conrad rodent).
Sous ses airs de pas y toucher, on se retrouve à la fois avec un petit traité de géopolitique asiatique sur les 150 dernières années et une interrogation sur la forte responsabilité indirecte qu'a eu la France dans la tragédie sanglante des Khmers Rouges.
Y a même un peu de sesque puisqu'on y évoque le gout de Mouhot pour les petites laotiennes et celui de David Carradine (KUNG FU §) pour l'auto-strangulation érotique (il a été nominé pour les Darwin Awards ou pas, d'ailleurs ? Non parce que pour faire plus con comme mort, y en a match)
Dernière modification le 07/10/11 à 12:41 par kaplan
07 octobre 2011 à 12:37
Il faut claquer sans laisser de descendance derrière soi pour prétendre à un Darwin Award et je suis sûr qu'il est loin d'être le premier ou le dernier à finir de cette façon.
07 octobre 2011 à 13:40
Un maître assassin à la solde du premier magistrat de Ciudalia raconte une tranche d'histoire de cette cité-état à mi-chemin entre la République romaine et la Renaissance italienne. Alors que la guerre contre le royaume de Ressine vient de se terminer par une brillante victoire, les puissantes familles qui règnent au Sénat se déchirent. Et le narrateur, en bon porte-glaive, se retrouve au cœur de la machination ourdie par son patron pour confisquer les rênes du pouvoir.
De l'aventure de grand chemin, des passes d'escrime dans des venelles crasseuses, du combat naval, de la magie, une petite garce sodomisée... Tous les ingrédients d'une grande fresque sont réunis. Surtout, les cervelles corrompues de l'élite ciudalienne mûrissent des intrigues politiques retorses à souhait. L'œuvre regorge de personnages truculents, et l'auteur déploie un vocabulaire riche très plaisant à lire.
Le meilleur roman de fantasy francophone depuis fort longtemps. Je n'aime pas les cycles à rallonge, mais j'ai dévoré le millier de pages en un rien de temps et j'ai déjà envie de retourner dans le Vieux Monde !
24 decembre 2011 à 13:38
Ah oui tiens. Mais bon, février 2011, j'étais pas là : j'avais piscine.
24 decembre 2011 à 14:22
Merci Lama, j'avais la flemme de retrouver ce que j'avais écris dessus à l'époque.
Du coup, faudrait vraiment que j'achète le premier du cycle.
Et sinon, je me désolidarise totalement de ce que j'ai écris sur le Trone de Fer dans les lignes suivantes.
Je crois que je confondais avec un autre cycle d'Heroic Fantasy (mais lequel) ou alors j'étais saoul ou alors de très mauvaise foi ou bien je voulais troller (toutes ces éventualités étant tout à fait fort improbables car me ressemblant fort peu).
25 decembre 2011 à 11:37
kaplan a écrit
Et sinon, je me désolidarise totalement de ce que j'ai écris sur le Trone de Fer dans les lignes suivantes.
Je crois que je confondais avec un autre cycle d'Heroic Fantasy (mais lequel) ou alors j'étais saoul ou alors de très mauvaise foi ou bien je voulais troller (toutes ces éventualités étant tout à fait fort improbables car me ressemblant fort peu).
Ah je me disais aussi... J'étais surpris que tu aies pensé ça du trône de fer.
25 decembre 2011 à 13:20
Ce qui prouve une fois de plus qu'il ne faut accorder strictement aucune intention à ce que je raconte, en général.
25 decembre 2011 à 15:32
... Sauf quand on veut savoir à la 3e note d'un extrait si c'était bien la fois où Herbie Hancock s'était brûlé à l'index gauche en faisant cuire des crêpes... ;-)
25 decembre 2011 à 23:34
Merci pour Jaworski, je me régale de ses nouvelles avec "Janua Vera"
28 mai 2012 à 14:19
Après il faudra lire "Gagner la guerre", du même auteur, qui est très bien aussi et dont j'avais parlé précédemment ici même.
28 mai 2012 à 14:28
ce sont vos descpritions qui m'ont donné envie ;)
Mais pas encore prêt pour les trop gros feuilletés !!
28 mai 2012 à 14:51
Si ça peut te donner envie, gagner la guerre est la suite de la principale nouvelle de ce bouquin, celle avec don Benvenuto
28 mai 2012 à 15:36
Extraordinaire expérience que celle entreprise par le journaliste indépendant Marc Boulet : devenir invisible. Comment faire ? En devenant pauvre en Inde, en se transformant en intouchable à l'instar des cent trente millions de personnes appartenant à cette caste considérée comme impure. Selon la tradition, explique l'auteur, les intouchables n'ont pas été engendrés par le Créateur et sont par conséquent considérés comme inférieurs. Depuis 1947, la Constitution indienne a aboli la discrimination en supprimant la caste des intouchables, mais dans les faits, ils demeurent toujours le rebut de la société. Marc Boulet a tenu à connaître leurs conditions de vie et partager leur quotidien pour comprendre et témoigner de ce que peut être la misère physique et la souffrance morale. Son récit raconte "combien il est pénible d'être sale, de s'abaisser à mendier, de devenir un objet de mépris pour les autres". Pour ce faire, il a appris les dialectes hindous, s'est grimé de façon saisissante, s'est inventé l'identité d'un intouchable sous le nom de Ràm Mundà, puis s'est lancé dans les dédales de Bénarès et ses ténèbres pendant plusieurs mois. Ni philanthropique, ni intéressé ou sensationnel, l'étonnant récit de Marc Boulet témoigne d'une aventure humaine hors du commun
Autant vous prévenir, c'est assez mal écrit mais c'est assez fascinant comme expérience.
En particulier, ça remet bien en place les clichés qu'on peut avoir sur l'Inde vu de notre beau pays.
Ah, l'Inde, les palaces mystérieux, Gandhi, une société basée sur le respect de l'autre, la non violence, la sagesse de l'hindouisme...
Paye ta claque dans ta face et découvre les merveilleuses facettes d'une des sociétés les plus archaiques du monde où certaines personnes sont inférieures aux autres, de leur naissance jusqu'à leur mort.
Où les pauvres sont pauvres et le resteront, en vivant dans la merde et la pollution.
Où les gens qui te font la charité le font pour améliorer leur karma et non par charité.
Où la corruption et l'inéquité n'a pas de limite.
Un beau pays où la violence, l'injustice et le mépris de l'autre sont omniprésents.
Vraiment fascinant.
Et les passages où il décrit ce qu'il ressent en voyant des étrangers occidentaux qui se la jouent routards alors qu'il est lui même dans la peau d'un intouchable sont absolument priceless (je me la joue rebelle en portant un tshirt 'Free Tibet' sous une robe safran comme les moines bouhhistes et je refuse de louer un porteur parce que tu comprends 'c'est de l'esclavage' alors que le mec a besoin de cet argent pour nourrir sa famille).
Bref, au final de l'hypocrisie, du mépris pour l'autre à tous les étages et de chaque coté et de la violence (réelle ou symbolique) partout.
Ah, ça fait plaisir un livre qui remonte bien le moral comme ça.
Dernière modification le 01/09/12 à 09:19 par kaplan
01 septembre 2012 à 09:17
Ah oui maman l'a lu celui-là, moi j'ai lu "dans la peau d'un noir" :)
(être noir aux states en 1959-60, ça devait être confortable comme expérience...)
je rebondis sur 2 choses qui me paraissent essentielles quand on parle de l'Inde vu par les occidentaux et qui permettent de sortir du fantasme de la société indienne parfaite :
La société non violente. C'est vraiment LA plus grosse connerie que tu peux entendre/lire sur la société indienne qui est d'une incroyable violence et injuste au possible.
Après les discours routards babos c'est à mourir de rire, les "positions militantes" sur l'esclavage (ça les arrange bien de pas raquer), les gens heureux "ils ont tous le sourire c'est trop puissant comme société", bref un bon bouquin pour contrebalancer l'image idyllique que l'on se fait parfois de ce pays.
01 septembre 2012 à 11:29
Art Keller, le " seigneur de la frontière ", est en guerre contre les narcotrafiquants qui gangrènent le Mexique. Adan et Raul Barrera, les " seigneurs des cieux ", règnent sans partage sur les sicarios, des tueurs armés recrutés dans les quartiers les plus démunis. Contre une poignée de dollars et un shoot d'héroïne, ils assassinent policiers, députés et archevêques. La guerre est sans pitié.
"Le plus grand roman sur la drogue jamais écrit. Une vision grandiose de l'Enfer et de toutes les folies qui le bordent." James Ellroy.
Ca fait longtemps que je n'avais pas lu un bon polar qui me laisse plus qu'un sentiment de 'Ah ouais, c'était sympa' et qu'on oublie deux heures après.
Ici, on a affaire à un très bon bouquin qui commence classiquement, le gentil policier contre les méchants dealers mais très rapidement les lignes se brouillent et surtout les frontières se mélangent et au final on a une fresque assez étonnante sur les rapports sulfureux entre la drogue et les mauvais coups de la politique étrangère américaine.
Si vous connaissez les actions de la CIA et autres officines troubles en Amérique du Sud, vous n'apprendrez pas grand chose mais certains rappels ne font jamais de mal.
Dommage que vous soyez déja rentré de vacances sinon je vous l'aurais recommandé pour la plage...
Dernière modification le 12/09/12 à 08:41 par kaplan
12 septembre 2012 à 08:40
Je vous avais parlé l'année dernière quasi jour pour jour de son précédent bouquin, l'excellent Kampuchea (scroll de la page pour plus d'infos), Patrick Deville revient avec Peste & Choléra.
Quand Louis Pasteur expérimente avec succès le vaccin contre la rage, il ouvre de nouvelles et
formidables perspectives à la biologie et à la médecine. Il chargera plus tard ses élèves ou disciples de
prolonger ses recherches à travers le monde. Les jeunes pasteuriens partent pour de longs périples.
Parmi eux, Alexandre Yersin, d’origine suisse (il est né à Morges en 1863), naturalisé Français pour les
besoins de la science, qui se forme sur le tas et part très vite en Indochine, où il passera le plus clair
de sa vie, loin des brouhahas parisiens et des fracas guerriers. Il multiplie là-bas les observations
épidémiologiques mais aussi bien géographiques, astronomiques ou météorologiques. C’est que ces
jeunes gens sont curieux de tout, Yersin en particulier.
Ami du politicien Doumer, Yersin se trouve à l’origine de la ville de Dalat, dans l’actuel Vietnam, puis il
s’installe à Nha Trang pour y mener passionnément ses multiples activités de chercheur. Elevage
bovin, culture de l’hévéa, des orchidées, de la quinine : il pourrait faire fortune mais tout va au
financement des recherches et de l’Institut Pasteur créé entre-temps. La science l’absorbe, il n’aura ni
femme ni enfant. Parfois il revient en Europe, mais c’est le plus souvent de loin, à la radio ou par les
journaux, qu’il reçoit l’écho des conflits mondiaux et de leurs atrocités. Il meurt en 1943, conscient
mais pas tout à fait amer que son nom n’aura pas la même gloire posthume que son maître, Louis
Pasteur, et demeurera essentiellement attaché à la découverte du bacille de la peste à Hong-Kong en
1894.
C’est cette formidable aventure scientifique et humaine que raconte Deville en croisant les périodes et
les personnages autour de la figure de Yersin.
J'adore les bouquins de ce mec....
Un style sans ostentation mais d'une grande classe et d'une grande subtilité.
16 octobre 2012 à 11:26
Patrice Deville nomine pour le goncourt. Il l aura pas mais ça fait plaisir...
30 octobre 2012 à 19:28
hum url : http://m.slate.fr/#/story/64405/peste-cholera-deville-yersin-sources
05 novembre 2012 à 20:33
Bof, pas trop d'avis sur la question mais ça m'a l'air aussi bidon que la polémique de Houellebecq citant Wikipedia.
Et il faut aller lire la critique du bouquin par Slate pour voir qu'ils n'y ont rien compris (ils ne parlent que de la vie de Yersin alors que l'objet littéraire en tant que tel est le truc le plus intéressant. Ce n'est pas tant ne biographie qu'un prétexte pour "écrire sur"...).
06 novembre 2012 à 08:32
Des milliards de tapis de cheveux, de Andreas Eschbach.
Sur une planète poussiéreuse à la technologie peu avancée, une caste de tisseurs produit des tapis de cheveux, tellement fins qu'il faut une vie entière à chaque homme pour en réaliser un seul. Parfois un vaisseau se pose pour récupérer la production, destinée à orner le palais de l'Empereur, être divin qui règne sur les galaxies depuis des milliers d'années. Mais une étrange rumeur commence à circuler : l'Empereur aurait abdiqué, voire serait... mort ? Mais alors, où vont tous ces tapis, et à quoi peuvent-ils bien servir ?
Ça tue.
10 decembre 2012 à 11:42
Tiens, il me semble que je l'ai lu mais je ne m'en souviens plus du tout.
10 decembre 2012 à 11:50
JiHeM a écrit
Mais une étrange rumeur commence à circuler : l'Empereur aurait abdiqué, voire serait... mort ? Mais alors, où vont tous ces tapis, et à quoi peuvent-ils bien servir ?
Bon Dieu c'est trop surpuissamment curieux !!
Des paillassons pour la planète Theta IV ?
Des sortie de bain pour les colons de la Lune Zrago XX ?
AH PUTAIN JE SAIS ! C'est pour les écouler au marché de Montreuil !!
10 decembre 2012 à 11:51
En fait c'est le fils de l'empereur qui a créé un Tati cosmique et qui revend le matériau très fin. Il est devenu gigallionnaire comme ça.
10 decembre 2012 à 11:53
Gingembre a écrit
Des paillassons pour la planète Theta IV ?
GAGNAY §
10 decembre 2012 à 11:56
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